En février 2012, vous ouvriez votre
navigateur Internet. Après avoir entré la requête « Incapable de
Gouverner »
sur Google, les premiers résultats du moteur de recherche
renvoyaient vers le site officiel de François Hollande. Le candidat à
l’élection présidentielle était alors victime de Google Bombing.
N’étant ni la conséquence d’un piratage, ni d’un bug, ce phénomène
est le résultat de liens intelligemment répartis sur le web. En effet,
pour classer les pages Internet dans ses résultats,
Google se base sur les liens hypertextes pointant en direction de
celles-ci et leur attribue un pagerank. En complément, les algorithmes
analysent la sémantique de ces liens. Cependant, afin
d’avoir une efficacité maximale, ce procédé nécessite d’associer la
cible à une requête peu concurrentielle. Il nécessite aussi un certain
nombre de référencements de liens et donc certaines
ressources.
Cet épisode n’est que le plus récent d’une guerre de
perception engagée sur le web entre les deux camps majoritaires à
l’élection présidentielle. Les premières attaques ne datent
d’ailleurs pas de la campagne actuelle. Déjà, Nicolas Sarkozy avait été la victime, lui aussi, de Google Bombing en 2009.
Premier affrontement de la campagne actuelle, les jeunes du
collectif « France à venir », proche d’Eric Besson, décident de mettre
en ligne un site de dénonciation, sur le ton de la
satire, des difficultés du Parti Socialiste à construire un projet
politique cohérent. Le Solférishow trouvera naturellement l’adresse thesolferishow.fr. Mais si les créateurs du site ne font pas l’erreur d’oublier d’acquérir ce nom de domaine, ainsi que celui de thesolferishow.com, c’est sans compter l’acquisition par leurs adversaires de cinq noms de domaine très proches (solferishow.com, solferishow.fr, solferishow.net,
solferishow.org, solferishow.tel) renvoyant vers une page se moquant de la naïveté des jeunes du
collectif.
Un temps plus tard, suite à son élection comme candidat socialiste à
l’élection présidentielle, François Hollande n’a pas l’occasion
d’utiliser le nom de domaine hollande2012.fr,
alors détenu par un particulier depuis 2007. Plus le résultat d’une
négligence, l’adresse renvoyait, cependant, pendant plusieurs jours,
vers
le site de l’UMP. Le site nicolassarkozy2012.fr renvoie quant à lui vers un site de tatouages.
Néanmoins, si ces épisodes sont plutôt à classer dans les escarmouches, l’affrontement Gauche-Droite est aussi monté d’un cran sur l’échelle d’agressivité.
Benjamin Lancar,
Président des Jeunes Populaires liés à l’UMP, avait lancé fin aout
la « i-riposte ». Mais, oubliant d’acquérir le nom de domaine i-riposte.fr,
une version parodique est tout de suite mise en ligne. La guerre du LOL
commence. Au couleur de l’UMP, le site arbore alors le sigle LOL et
propose des vidéos et des photomontages des membres du parti de
l’UMP, sous l’angle de la moquerie. En parallèle, un compte twitter est
créé comme relai.
La contre-attaque des Jeunes Populaires viendra à l’annonce du
slogan de campagne de François Hollande en Une du quotidien Libération.
En achetant le nom de domaine lechangementcestmaintenant.fr
avant le PS, ils mettent en ligne une parodie de la Une de Libération,
rebaptisée l’Hibernation. S’affiche en pleine page,
« le reniement, c’est maintenant » et se succèdent de multiples
détournements et fausses déclarations du candidat. Enfin, en bas de
page, un lien identifié comme conduisant vers le
texte intégral du projet de François Hollande, renvoie finalement
vers le mot « Rien ».
S’inspirant du modèle de campagne de Barack Obama, qui s’était
beaucoup appuyé sur le web, les deux partis ont beaucoup investi dans le
domaine du numérique. S’organisant autour de blogueurs
influents, distribuant des formations au Web 2.0 et faisant appel à
des agences de communication, les objectifs sont clairs : faire du web
une plateforme de mobilisation afin de recruter le
plus de volontaires possibles. Les réseaux sociaux sont devenus des
vecteurs à part entière afin de relayer les messages de chacun des deux
camps.
Tantôt actes de collectifs de Jeunes liés à l’un des partis,
tantôt actes des partis eux-mêmes, les évènements relatés ci-dessus
dénotent alors quelque peu par rapport à un objectif de
mobilisation. Moins qu’un affrontement sur le fond, ils sont
l’illustration d’une guerre de perception, prolongement des petites
phrases entres candidats lancés dans l’arène politique. Mais
l’objectif n’est clairement plus de mobiliser, mais de ridiculiser.
Enfin, dernière étape en date dans l’affrontement, l’amalgame. Le dernier site des Jeune Populaires, www.o-m-g.fr,
l’Observatoire des Mensonges de
la Gauche, en est emblématique. La bannière du site présente le logo
du PS accolé à la faucille et au marteau de l’URSS. Les mots
désinformation, mensonges et passéisme y sont inscrits avec une
typographie proche de l’alphabet cyrillique.
Pour conclure, on assiste à une montée en puissance des
affrontements entre partis sur le Web. Une question demeure : Cela
peut-il réellement servir à remporter l’adhésion ?
Article également publié sur Knowckers ici.
Article également publié sur Knowckers ici.
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