La diffusion d'une émission sur RFI traitant de la cyberguerre est
l'occasion de revenir sur l'émergence de cette nouvelle dialectique
conflictuelle.
Que se cache-t-il derrière Stuxnet ? Pour quelle doctrine stratégique
? La cyberguerre sera-t-elle l'arme de dissuasion nucléaire de demain ?
Le dimanche 23 septembre 2012,
l'émission de RFI Géopolitique
le débat, animée par Marie France Chatin, traitait du cyberespace comme
nouvel enjeux stratégique (dont vous pourrez télécharger le podcast ici),
avec comme invités :
- François-Bernard Huyghe, directeur de recherches à l’Iris. Directeur de l’Observatoire Géostratégique de l’information.
- Fabienne Clerot, chercheur associé à l’Iris, spécialiste de la Chine
- Olivier Kempf, maître de conférences à Sciences Po Paris, enseignant à HEC et à l’Ecole de guerre.
L'émission commence en abordant
le cas de Stuxnet, que j'avais déjà parlé succinctement ici.
Visant le sabotage des centrifugeuses iraniennes d'enrichissement d'uranium, ce
virus est, surement pour l'instant, ce qu'il y a de plus représentatif en
matière de cyberattaque.
Comme le dit François-Bernard Huyghe, Stuxnet représente un des rares cas où un
Etat (Etats-Unis et/ou Israël) a décidé d'utiliser une cyberarme plutôt que de
l'armement conventionnel. C'est aussi la première fois qu'un Etat ne nie pas
avoir eu recours à ce type de pratiques.
Aussi, les derniers évènements en
la matière sont représentatifs de l'émergence de nouvelles stratégies
offensives. Alors que le développement de l'arme nucléaire avait amené les
Etats à adopter des positions mutuellement défensives, l'avènement des cyberattaques
entraine la réactivation de positionnements plus offensifs et plus conflictuels.
Toutefois, comme je le décrivais ici,
il est nécessaire de ne pas s'inscrire dans l'idée reçue qu'une cyberattaque
est aussi instantanée qu'elle pourrait l'être en apparence. Une cyberattaque
nécessite des compétences informatiques très évoluées et des outils
technologiques de pointe. Il faudra ajouter toutes les étapes de
reconnaissance, de collecte de renseignement, de planification et de
déploiement. Pour preuve, l'opération Stuxnet aura nécessité 6 ans.
Pour conclure, un autre facteur
notable, explicité par François-Bernard Huyghe et Olivier Kempf, est
l'émergence d'une cyberdissuasion.
Nous en avions déjà parlé dans un précédent article ici.
Les Etats ayant des "cybercapacités" semblent s'inscrire dans une
démarche de dissuasion visant aussi bien à faire connaître leurs capacités
offensives qu'a en gardé le secret sur les caractéristiques techniques. En
d'autres termes, au développement de cyberarmes s'ajoute la construction d'une
doctrine stratégique, définissant les conditions d'emploi et de riposte, comme
celle de l'arme nucléaire en son temps, ce qui participe au renforcement de sa
crédibilité.
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